Newsletter OCTOBRE 2021

Histoire de secondes vies

38 jours en réanimation, Marine témoigne

En septembre 2014, Marine est diagnostiquée d’une maladie rare : un thymome* 

“Ma tumeur mesurait 23 cm sur 12cm avec une atteinte pleurale au poumon droit. Il était prévu un protocole de 3 cures de chimiothérapie. Suite à des complications dès la première cure, il y a eu choc septique. Mon corps s’est affaibli de façon dramatique jusqu’au moment où, j’ai été admise en réanimation.” 

Marine est admise en service de réanimation à l’Hôpital Cochin (Paris). Elle y restera pendant 38 jours : une période très compliquée qu’elle qualifie de descente aux enfers.

“J’ai eu toutes les complications qu’on peut prévoir en réanimation : choc septique, trachéotomie, arrêt cardio-respiratoire, pneumothorax, hémorragies digestives, embolisation artérielle digestive, insuffisance rénale, thromboses veineuses… 

Mon passage en réanimation a été pour moi une descente aux enfers. Chaque jour, j'avais la sensation de « vouloir » mourir. Ma souffrance psychique m'emmenait dans des rêves mortifères pendant les périodes de coma.

C'était très éprouvant, notamment quand on venait faire ma toilette. Mon corps ne m'appartenait plus, nu, endolori et branché à toutes sortes de dispositifs médicaux.

J’ai très peu de souvenirs éveillés, seulement le bruit permanent des machines qui me maintenaient en vie et les entrées incessantes des équipes soignantes qui me surveillaient jour et nuit.”

Heureusement, Marine a pu compter sur la bienveillance du personnel médical, des infirmières et de ses proches pour s’en sortir.

“Je me souviens de la bienveillance des infirmières qui lisaient dans mes yeux pour communiquer.

Ma formidable famille avait mis en place un tableau où tous les gens que j’aime y ajoutaient des photos et des messages d'amour que je pouvais voir face à moi.” 

Après une longue période de rééducation, Marine a repris une vie presque sans séquelles. Que ce soit dans son métier d’artisan ou dans sa vie de famille, Marine profite de chaque instant de sa seconde vie.

“Le retour à la vie normale a pris du temps. Après 38 jours de combat, je suis sortie du service le 1er janvier 2015 en voyant un ciel si bleu... Je suis passée par une longue période de rééducation où j’ai dû réapprendre à manger, à bouger, à marcher… Ce fut un long combat pour reprendre des forces jusqu’à une opération à risque en septembre 2015. Aujourd’hui je ne vis qu’avec un seul poumon mais j'ai énormément de chance de n’avoir que très peu de séquelles. Je me sens plus forte et tellement heureuse de vivre ma « deuxième » vie.

J’ai créé mon atelier de maroquinerie pour continuer à exercer mon métier d’artisan, à mon compte. Je conçois et fabrique des accessoires en cuir, une matière vivante et noble, et je transmets mon savoir-faire dans un centre de formation à Paris.

Je suis très entourée par ma famille et mes amis. Je vis pleinement avec mon compagnon depuis 13 ans et nous avons eu, depuis ma sortie en réanimation, 2 filles …. mes plus belles victoires !”

Il est fondamental de soutenir le progrès de la réanimation. 

 “La réanimation est une spécialité à part. On n'a pas idée de son existence tant qu’on n’y est pas confronté. Soutenir la réanimation est un enjeu majeur car nous sommes TOUS concernés et ce, quels qu’en soient la cause et le lieu où votre vie est menacée. C’est pour cela qu’il est important de soutenir la Fondation 101 (One O One), seule Fondation qui est exclusivement dédiée à la réanimation. Connaissant parfaitement les enjeux de cette discipline exigeante, les équipes de One O One participent au progrès de réanimation de façon globale, en France et partout dans le monde, à travers ses 3 missions : mieux soigner – mieux comprendre – mieux accompagner. Sur le sujet de l’accompagnement, la Fondation One O One veut améliorer l’accompagnement des patients et de leur famille pendant et après le séjour en réa. Ce qui a été fondamental pour moi dans mon combat pour la vie c'est la présence de mes proches 24h/24 et 7 jours/7, je suis donc particulièrement sensible à ce sujet.

Je serai éternellement reconnaissante envers tout le personnel soignant qui a fait de ma vie sa priorité : infirmiers, aides-soignants, kinés, psychologues, médecins, chirurgiens, professeurs... toutes les personnes se reconnaîtront.

Cette spécialité et le dévouement de son corps médical forcent le respect. Tous ceux qui œuvrent pour la réanimation effectuent un travail remarquable… La réanimation, c’est comme une ruche en constante ébullition.

Quelques mois plus tard après ma sortie, je suis retournée voir l’équipe soignante pour les remercier. J’étais "debout et en chaussures" et j’ai pu lire dans leurs yeux la fierté de leur travail.

Merci à ma Tribu qui n'a jamais imaginé le pire et qui m'a portée jusqu'à la guérison.

Je n'oublierai jamais les quelques mots écrits dans mon cahier de transmission par le Pr. Jean-Daniel Chiche (Président de 101 et Chef-adjoint du service de réanimation de Cochin en 2014) : "Vous êtes la raison d'exister de nos services et vous donnez un sens profond à notre existence. Merci de nous attacher à la vie dans ce qu'elle a de plus fort et de plus beau"

Pour découvrir les créations de Marine : https://www.marinejullienatelier.fr/

*Cancer du thymus, une glande située dans la partie supérieure du thorax